Tablette d’accoudoir en bois, résine et métal

Un accoudoir de canapé est généralement instable, sauf si on l’équipe d’une tablette d’accoudoir. Cette dernière peut servir à poser une tablette (tactile cette fois), la télécommande du téléviseur ou mieux : l’apéro 🙂
Une tablette d’accoudoir est un objet pratique pour siroter tranquillement dans le canapé, sans risque de renverser son verre. N’est-ce pas là un argument massue justifiant à lui seul la réalisation de cette fameuse tablette ?
Allez, c’est parti.
On passera sous silence le fait que l’apéro nuise à une dernière tablette : celle localisée juste au-dessus de la ceinture.
Sommaire
Design de la tablette d’accoudoir
Une feuille de papier, un stylo, pas d’idée précise en tête. Après quelques gribouillages, je suis arrivé à ce résultat.
Un look graphique et des couleurs contrastées, l’occasion de s’échapper du 100% bois. La réalisation idéale pour associer différents matériaux !
Les matériaux
A base de neuf et de récupération.
Bois
Ainsi, le bois provient de cubes de palette.
Que j’ai découpé en tranches, puis en petites planchettes.
Couper ces petites pièces a été rendu possible par les améliorations apportées à ma scie à onglet. Sans cela, il m’aurait fallu un gabarit de découpe.
Afin de jouer à fond la carte de l’upcycling, j’ai sélectionné quelques morceaux gardant les stigmates de leur vie passée : les traces de clou.
Métal
Le métal provient d’un bout de tôle épaisse.
Résine époxy
Quant à la résine, difficile de faire avec du vieux, elle est donc neuve 🙂
J’ai utilisé la résine d’inclusion du fabricant français Resoltech, répondant au doux nom de WWAHT/B4. Je me suis approvisionné chez Résines & Moulages où cette résine porte le nom d’Inclupox. C’est de la résine de professionnels, elle ne boxe pas dans la même catégorie que celles disponibles en magasins de loisirs créatifs.
La réalisation
Comme le dessin précédent le prouve, je suis parti dans ce projet totalement à l’improviste. A vrai dire, je ne savais pas qu’il allait aboutir à une tablette d’accoudoir ^^
Sans plan, sans dimensions exactes, il y a inévitablement quelques ratés et rattrapages en cours de fabrication.
Si c’était à refaire, je m’y prendrai différemment afin d’optimiser les étapes de la réalisation. Et réduire la quantité de résine utilisée. Toujours à propos de la résine, je l’ai faite en plusieurs fois car je me suis servi de ce projet pour finir la résine utilisée dans une autre réalisation. Voilà pourquoi l’enchaînement de certaines photos pourra vous sembler anachronique.
Le plateau
Partie centrale
Une première planche de contreplaqué vient servir de support de collage.
Je viens y coller les petites planchettes issues des cubes de palette.
En m’assurant que les espaces laissés soient aux bonnes dimensions. Et que l’équerrage est correct.
Rien de compliqué. C’est juste long, car il faut attendre le séchage de la colle avant de pouvoir coller les morceaux adjacents.
Une fois le collage terminé et sec, je passe une couche très généreuse de fondur.
Son but est de colmater les fibres du bois, ainsi la résine ne s’y infiltrera pas.
Après séchage du fondur, j’ai coulé un premier batch de résine. Vous vous demandez comment j’ai préparé la résine ? J’en parle plus loin dans l’article. Pas de chance, vous allez devoir le lire jusqu’au bout 😉
Après polymérisation de la résine, j’ai pu couper le plateau à sa dimension définitive. Un jeu d’enfant grâce aux lasers de la Festool Kapex !
Une fois le premier bord coupé, il sert d’appui pour couper le second. Et ainsi de suite.
Par le dessous, j’ajoute une nouvelle planche de contreplaqué, afin d’apporter une surface d’appui convenable à la résine qui va encadrer le plateau.
Elle est encollée grâce à ce formidable kit.
Mise sous presse du collage.
Moule
Afin de pouvoir couler la résine tout autour du plateau, il me faut fabriquer un moule.
J’évide l’intérieur d’une planche de contreplaqué, afin de faciliter le futur démoulage.
Les coupes sont terminées à la scie japonaise.
Puis ce fond de moule est recouvert de scotch, toujours pour faciliter le démoulage. Pour du moule à usage unique, c’est largement suffisant.
Quatre tasseaux sont nécessaires pour terminer le moule.
Tout est fixé au cloueur pneumatique, testé dans cet article.
La résine étant très fluide, le moule se doit d’être totalement étanche. J’applique un joint silicone, par l’extérieur du moule.
Je rajoute de fines lames de bois afin de minimiser la quantité de résine nécessaire. C’est que ça coûte un bras la résine époxy !
Une couche généreuse de fondur conclue la préparation avant résine.
Le cadre en résine
Préparée selon la méthode décrite dans cet article, elle est teintée avec 1% de pâte pigmentaire noire, celle-ci. Le résultat est une résine bien noire et opaque ! Parfaite pour le gros contraste dont j’avais envie.
Avant de la couler, le moule est mis de niveau.
Rien de compliqué pour la couler, mais il est conseillé de la verser en un mince filet et en un point unique. Cette méthode évite l’emprisonnement de bulles d’air.
Après polymérisation, je démoule tout en finesse et élégance : c’est à dire … à la scie et au ciseau à bois 😀 C’est pas très orthodoxe comme méthode de démoulage, mais vu la « qualité » de mon moule et son usage unique, c’est suffisant. Je vous épargne cette séquence boucherie, voici le plateau après démoulage.
Affinage du plateau
Le plateau ne me plaît pas, il est bien trop épais.
Ce n’est pas un problème, mon ami Matthieu m’a gentiment laissé utiliser sa raboteuse, ce qui me permet d’affiner le plateau. Et de l’aplanir par la même occasion.
La résine se comporte quasiment comme du bois à l’usinage.
Après de nombreuses passes, j’arrive à une épaisseur satisfaisante.
Un petit ponçage au grain 120 et 180 permet d’éliminer les défauts de surface laissés par la raboteuse.
Tout est bien de niveau, bois et résine ne font plus qu’un.
Feuillurage
Afin que le support métallique de la tablette d’accoudoir ne soit pas en sur-épaisseur, je prévois de l’inclure dans le plateau via une feuillure. Elle est réalisée à la défonceuse sous table, avec une fraise droite de gros diamètre.
Mise en place de la fraise.
Solidarisation de la défonceuse avec l’insert de la table.
Réglage de la hauteur de fraisage par rapport à l’épaisseur de la plaque métallique.
Réglage de la distance du guide parallèle de la défonceuse sous table.
Test et affinage des réglages sur une planche martyr .
C’est parti pour les rainures d’extrémités. Avec un martyr en sortie de fraise pour éviter les éclats.
Après avoir usiné les extrémités de la feuillure, je finis de l’évider en décalant le guide parallèle et en procédant par passes successives.
La feuillure est terminée.
Dernière étape de la fabrication du plateau : casser les angles.
Pour cela, je lui usine un petit chanfrein à 45° à l’aide de cette fraise.
Sous table, c’est tellement plus agréable qu’à la volée.
D’un point de vue visuel, le petit chanfrein fait toute la différence. Vous le verrez mieux sur les photos en fin d’article.
Finitions
Après un ponçage minutieux jusqu’au grain 240, je passe deux couches de vitrificateur mat. Application au pinceau et léger égrainage entre les deux couches.
Ce vitrificateur est très facile d’application et le rendu est top : je l’utilise énormément dans mes réalisations. L’aspect final est plus satiné que mat, mais rien de rédhibitoire. A titre d’exemple, je l’ai utilisé pour cette table basse.
Vernir la tablette d’accoudoir m’épargne un ponçage jusqu’au grain 1000 de la résine, le vitrificateur se chargeant de combler les petites irrégularités laissées par le ponçage au grain 240. Mais le but est aussi d’apporter à la résine une meilleure résistance aux UVs. Ce qui n’est clairement pas la qualité première des résines époxy.
Et bien sur, le vitrificateur protégera également le bois des éclaboussures d’apéro ^^
Le plateau de la tablette d’accoudoir est à présent terminé. Passons à ce qui va le solidariser au canapé : son support.
Support métallique
Il provient d’une vieille tôle assez épaisse.
Après traçage, je me sers d’une meuleuse d’ange en appui sur un gros tasseau. Même avec cette méthode, c’est pas évident de couper bien droit. La faute à mes deux mains gauches ? Ou à cette meuleuse premier prix. Sans doute un peu des deux …
Puis j’entame le métal à l’endroit où il sera plié. Moins d’1 mm, c’est juste pour créer une zone de faiblesse.
Avant de plier la pièce métallique, je la ponce. D’abord à la ponceuse roto-excentrique.
Puis à la main. Les rayures laissées par le ponçage amélioreront l’accroche de la peinture.
L’étape délicate consiste à plier le bout de tôle de telle sorte qu’il enserre parfaitement le bras de mon canapé.
Je m’aide d’un gros tasseau sur lequel …
… je viens « enrouler » la plaque métallique à coups de marteau. Je ne frappe pas directement la tôle, cela la marquerait. J’utilise un martyr en bois pour ça.
Il semblerait que je n’ai pas suffisamment tenu compte du rayon de courbure… l’arceau est trop long d’un bon centimètre.
Pas grave, il suffit de couper l’arceau en deux parties. L’ajustement n’en sera que plus précis.
Entre temps, je suis passé à une vraie meuleuse (test ici), une Bosch pro, beaucoup plus sérieuse que mon modèle précédent. Plus sécurisante et beaucoup plus puissante.
Après avoir ébavuré les arêtes à la lime,
et percé/alésé les trous pour les vis à la perceuse colonne,
il reste à mettre ces pièces métallique en peinture.
J’ai utilisé cette peinture qui ne nécessite pas de préparer le métal avec une sous-couche.
Application au pinceau en deux couches, avec un ponçage intermédiaire.
Et un bout de fil de fer comme support de séchage.
Avec ce genre de peinture relativement épaisse, mieux vaut ne pas se fier au temps de séchage indiqué sur le contenant. Je le triple (au minimum), sinon la peinture n’est pas sèche à cœur et le moindre petit choc l’écaille. On se fait avoir une fois, pas deux.
Assemblage
Avec un bout de scotch, je repère la position du plateau lorsqu’il est centré sur ses équerres métalliques.
Il n’y a plus qu’à le visser par le dessous.
Avec ses demi arceaux, le bras du canapé est bien enserré : la tablette ne bouge pas.
Conclusion
La réalisation de cette tablette d’accoudoir a nécessité pas mal d’étapes et de matériel, mais ne présente pas de difficultés particulières. Le résultat est à la hauteur de mes espérances, la résine se marie étonnamment bien avec le bois.
N’hésitez pas à laisser vos impressions en commentaire. Maintenant, place aux photos du produit fini.
Photos
@ bientôt.
Oliv’
3 Commentaires
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Oliv’ Wood Creations
Travail du bois et des matières.
Partage et DIY. Techniques, tests et réalisations.
© 2014-2016 Oliv’ Wood Creations
Bonjour Olivier,
Très bien réalisé cette tablette de canapé! Très beau site, très belle réalisation claire et avec de l’humour! Très pédagogique, beaucoup de photos, toutes les étapes sont détaillées. Je vois rarement cela sur des sites français. Chapeau! Je ne laisse jamais de commentaires non plus, mais là…ça force le respect. Ca prouve encore une fois de plus qu’il faut en avoir beaucoup dans la tête pour faire quelque chose de ses mains.
Je vous ai mis dans mes favoris à suivre!
Bonne continuation
Roland
Bonjour Roland,
C’est de loin le commentaire le plus élogieux que l’on m’ait laissé sur le blog !
Cela me fait très plaisir, et c’est une motivation à continuer de partager.
Merci beaucoup.
Oliv’
Je suis un woodworker amateur qui aurait envie de passer bien plus de temps à faire des projets. Ton site gagne à être connu et reconnu, participes aux autres blogs en laissant des commentaires avec ton url, ca génèrera du traffic. Le réseau nord américain (US/Canada (quebec) de woodworking est beaucoup plus vaste qu’en France/Europe. Si tu peux faire une version de ton site avec google translate an anglais, tu atteindrais une augmentation significative de ton audience, et du coup ta remontée dans le résultat de Google search, crées ton channel youtube aussi. A mon sens tu peux abandonner Facebook…ca ne t’apportera jamais autant, c’est pas mal pour les faire venir sur ta plateforme qui doit etre le point de convergence des autres canaux.
@+Roland